Introduction
Nous voulons, promouvoir et apprendre les comportements écoresponsables dès le plus jeune âge et tout au long de la vie, en faisant de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation des leviers d’action de la consommation responsable et ainsi changer les pratiques en profondeur dans notre société.
Pour cela, nous proposons d’agir sur plusieurs dimensions, en s’appuyant notamment sur des préconisations formulées par l’UNESCO :
Modifier le code de l’éducation pour une généralisation de l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) dans le modèle scolaire français
Renforcer les modalités d’éducation à l’environnement et au développement durable par la création d’une matière nouvelle générale parallèlement au développement d’une action globale au sein des établissements scolaires
Sensibiliser l'ensemble de la population française en reliant compréhension de l’urgence climatique et passage à l’action
Non évaluable
Introduction
L'objectif en détail
Nous voulons promouvoir et apprendre les comportements écoresponsables dès le plus jeune âge et tout au long de la vie, en faisant de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation des leviers d’action de la consommation responsable et ainsi changer les pratiques en profondeur dans notre société.
Si les publics les plus jeunes ne doivent pas être l’unique cible pour des changements de mode de consommation, nous considérons que la préparation de l’avenir et les évolutions en profondeur doivent passer par l’éducation des plus jeunes : nos jeunes sont les futurs décideurs et consommateurs, en faire une priorité pourra nous permettre de préparer l’avenir tout en se concentrant sur le présent via d’autres mesures proposées.
Par ailleurs, nous pensons que l’éducation des jeunes peut avoir une incidence sur le comportement des adultes, ramenant ainsi dans leur foyer les bonnes pratiques et les enseignements prodigués à l’école.
Dans ce domaine, des mesures et initiatives d’engagement existent déjà, notamment sur la mise en place des éco-délégués qui constitue une avancée notable. Pour autant, elles ne sont pas toujours visibles et reposent souvent sur les bonnes volontés de chacun. Nous estimons donc qu’elles doivent être structurées, généralisées et obligatoires pour sensibiliser, dès l’entrée à l’école, tous les jeunes aux enjeux environnementaux.
Aussi, toutes ces initiatives, ne peuvent se substituer à un aménagement des programmes, c’est-à-dire à une évolution profonde qui prendra plus de temps. En effet, même si en juin 2019, le Ministre de l’Éducation a saisi le Conseil supérieur des programmes afin d’imaginer « des enseignements plus explicites, plus précis et plus complets ayant trait au changement climatique, à la biodiversité et au développement durable, intégrés dans toutes les disciplines avec une base scientifique progressivement consolidée », bon nombre de jeunes ayant fait leur scolarité en France n’ont reçu que peu d’enseignement sur les enjeux climatiques et les pratiques écoresponsables.
Quant aux adultes, force est de constater que 20 ans de campagnes sur le développement durable et l’urgence climatique n’ont pas modifié en profondeur nos modes de vie, même si la prise de conscience progresse très vite. Il est temps de changer de manière de faire et de rendre acteurs les citoyens.
À l’issue d’échanges avec différents acteurs et experts, et au regard de nos expériences individuelles et collectives, nous considérons en tant que citoyens qu’il faudrait prendre les décisions suivantes pour faire de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation des leviers d’action de la consommation responsable, autour de 3 dimensions, dont les deux premières concernent l’éducation des plus jeunes.
Même si des mesures ont été prises, il nous paraît primordial de revoir le modèle scolaire à l’aune de l’urgence climatique à laquelle nous faisons face et ainsi entériner un modèle de scolarité écoresponsable.
Pour ce faire, nous proposons d’inscrire dans le code de l’éducation la mission de l’éducation à l’environnement en intégrant les objectifs de la Charte de Belgrade de 1975 qui n’a jamais été appliquée et en créant au sein des établissements scolaires un comité de « l’Éducation à l’Environnement et au Développement Durable » (EEDD) à l’image du CESC :
« Au titre de sa mission d’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD), le service public de l’éducation prépare les élèves à réaliser ces choix éclairés dans leur manière de consommer, de se nourrir, de se déplacer, de se loger, de travailler et de vivre dans une société respectueuse de l’environnement. Des écocitoyens responsables et conscients de la mesure des problèmes, mais également des solutions. Les enseignements mentionnés à l’article L.312-19 et les actions engagées dans le cadre du comité prévu (CEEDD).
1° La mise en place d’un environnement scolaire favorable à l’enseignement de l’éducation à l’environnement et au développement durable ;
2° L’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de programmes d’éducation à l’environnement et au développement durable destinés à développer les connaissances des élèves à l’égard des problématiques environnementales et de ses solutions ;
3° L’application et la diffusion des objectifs de l’éducation à l’environnement et au développement durable de la Charte de Belgrade ;
La promotion de l’éducation à l’environnement et au développement durable à l’école telle que définie aux 1° à 3° du présent II relève de l’ensemble du personnel de l’Éducation nationale.
Elle est conduite, dans tous les établissements d’enseignement, y compris les instituts de formation, conformément aux priorités de la politique environnementale et dans les conditions prévues dans le code de l’environnement, par les autorités académiques en lien avec la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), les collectivités territoriales, les différents acteurs dans le domaine de l’environnement et du développement durable. Elle veille également à sensibiliser l’environnement familial des élèves afin d’assurer une appropriation large des problématiques environnementales.
Des acteurs de proximité non professionnels de l’éducation à l’environnement et au développement durable concourent également à la promotion de l’EEDD à l’école. Des actions tendant à rendre les publics cibles acteurs de leur propre environnement sont favorisées. Elles visent, dans une démarche de responsabilisation, à permettre l’appropriation des outils de l’éducation à l’environnement et au développement durable. »
« Le Comité d’Éducation à l’Environnement et au Développement Durable (CEEDD), présidé par le chef d’établissement, a pour mission d’apporter un appui aux acteurs de l’éducation à l’environnement et au développement durable.
Ce comité a pour mission de renforcer sur le terrain les liens entre l’établissement d’enseignement, les parents et l’ensemble des acteurs du domaine de l’éducation à l’environnement. En lien avec les axes du projet d’établissement, approuvés par le conseil d’administration, il contribue à des initiatives en matière de lutte contre les problématiques environnementales, de sensibilisation des familles et de changement des comportements. ».
Nous proposons la mise en place de 6 axes primordiaux d’action et d’organisation sur la base des recommandations faites par l’UNESCO et des syndicats de l’éducation, pour faire de l’éducation à l’environnement une cause commune pour la communauté éducative.
Nous sommes conscients que bien des établissements scolaires sont déjà engagés dans le développement durable, ces actions restent trop souvent expérimentales, liées à l’investissement de telle ou telle équipe éducative. Nous estimons essentiel de renforcer et de généraliser les modalités d’éducation à l’environnement et au développement durable, en pariant sur l’action.
C5.2.1. Constituer une équipe chargée de coordonner l’éducation à l’environnement et au développement durable
Dans les établissements, tout le monde, filles et garçons, femmes et hommes, a un rôle à jouer en vue d’atteindre les objectifs de l’éducation à l’environnement et au développement durable. Il est cependant indispensable de répartir les rôles et les responsabilités pour travailler efficacement, par exemple en constituant une équipe chargée de coordonner et d’organiser les activités associées en relation avec le Comité d’Éducation à l’Environnement et au Développement Durable (CEEDD).
Le rôle de l’équipe serait alors de coordonner l’élaboration, la mise en œuvre et l’examen du plan d’éducation à l’environnement et au développement de l’établissement, en consultation avec l’ensemble des parties prenantes au sein de l’établissement. Cela passe par l’organisation de plusieurs réunions au début de l’année scolaire pour planifier les projets et les activités, ainsi que tout au long de l’année scolaire pour faire le point sur les progrès accomplis et ajuster le plan si nécessaire. Ainsi, il s’agira également de :
Dans la mesure du possible, faire élire les membres de l’équipe chargée de l’EEDD plutôt que de les nommer, afin qu’ils puissent parler et agir au nom du groupe qu’ils représentent, ainsi que consulter et mobiliser les membres.
C5.2.2. Renforcer les modalités d’éducation à l’environnement et au développement durable, sous la forme d’une nouvelle matière à part entière, et indépendante des autres matières déjà enseignées
Nous proposons de renforcer les modalités d’éducation à l’environnement et au développement durable, sous la forme d’une nouvelle matière à part entière, et indépendante des autres matières déjà enseignées. Cette nouvelle matière (Écologie par exemple) devra donc faire l’objet d’une nouvelle formation universitaire. Cependant, dans l’attente de l’arrivée des premiers enseignants en écologie qui seront issus de cette nouvelle formation, cette matière pourra être enseignée dans un premier temps par des professeurs de SVT.
C5.2.3. Enseigner la réflexion critique, créative et tournée vers l’avenir
Dans un monde complexe et en constante mutation, s’agissant de problématiques environnementales, il ne suffit pas d’enseigner des idées précises et approuvées par des experts. Les enseignants doivent également enseigner la réflexion critique, créative et tournée vers l’avenir.
Réussir la transition écologique va nous obliger à être imaginatifs et solidaires ! L’apprentissage coopératif est une bonne méthode pour soutenir les mutations à venir. Dans ce cadre, les élèves travaillent avec des personnes d’origines diverses, dont les valeurs et les points de vue sont différents, afin de trouver ensemble des réponses à des questions complexes. Cela amène les élèves à réfléchir sous divers angles aux problèmes, aux solutions et aux stratégies avant de prendre position.
Cette méthode ne consiste pas simplement à demander aux élèves de répondre à des questions comme lors des devoirs sur table. Pour que l’apprentissage coopératif soit efficace, Il faut structurer le travail de groupe de telle sorte que chaque l’élève participe activement à la réalisation d’objectifs communs.
C5.2.4. Donner aux élèves les moyens d’agir
Étant donné la gravité de la crise climatique, l’apprentissage doit s’appuyer sur l’action. Il y a trois leviers pour permettre aux élèves de prendre des mesures et d’agir par eux-mêmes :
L’enceinte de l’établissement constitue un endroit idéal pour agir. Il est plus facile d’y appliquer des principes respectueux de l’environnement qu’à l’ensemble de la collectivité, de la région ou du pays. En imaginant les changements à apporter à l’établissement et en les réalisant, les élèves découvriront les possibilités et les enjeux associés à cette mobilisation.
À l’image des ouvrages scolaires, nous proposons la création d’une gamme de jeux éducatifs officiels fabriqués en respect de l’environnement et favorisant les comportements écoresponsables à utiliser durant la récréation et pendant les temps d’instruction.
C5.2.5. Faire de l’établissement scolaire un exemple en matière d’action pour l’environnement et le développement durable
L’expression « joindre le geste à la parole » s’applique à l’établissement scolaire. C’est certainement dans les salles de classe que les élèves en apprennent le plus sur les problématiques environnementales : celles-ci doivent donc refléter les valeurs de l’établissement.
Les établissements scolaires devront ainsi s’engager dans une démarche de développement durable en prenant des mesures pour résoudre les problématiques environnementales et entrer dans un développement durable : planter des arbres, faire du compost, économiser l’électricité, l’eau et le papier, etc.
Bien que ces gestes soient importants, les établissements doivent aller plus loin et devenir un exemple en matière de développement durable : acheter des produits locaux, éteindre les appareils électriques inutilisés, encourager le zéro déchet, etc.
C5.2.6. Éducation à l’utilisation du numérique
Dans nos écoles et établissements les ordinateurs, tablettes et autres outils en fin de vie doivent impérativement être triés pour être recyclés ou reconditionnés.
Il faut aussi veiller à les faire durer le plus longtemps possible. Pour cela une maintenance régulière est indispensable et leur usage doit être raisonné ; l’utilisation des logiciels les mieux optimisés qui restent utilisables le plus longtemps possible avec des machines vieillissantes doit être favorisée. Les collectivités doivent embaucher en nombre suffisant des personnels formés et compétents pour la maintenance, et fournir des suites de logiciel adaptées à ces problématiques.
Le tout numérique doit être remis en question. Le numérique a toute sa place à l’école à condition de ne pas être un dogme aveugle. L’ordinateur et les réseaux ne sont pas la réponse aux questions pédagogiques ou sociales, et ils sont au contraire de nouvelles sources de problèmes. Ce ne sont pas des milliers de tablettes dont les élèves ont besoin, mais de personnels d’éducation formés.
Enfin, l’Éducation Nationale doit intégrer la problématique écologique dans son approche du numérique. Les bonnes pratiques doivent être diffusées auprès des personnels, l’étude de l’impact écologique de cette industrie doit être intégrée aux programmes scolaires, et les pratiques permettant une sobriété numérique doivent être enseignées aux élèves à tous les niveaux.
Nous recommandons donc :
C5.2.7. Instaurer des partenariats
Les établissements scolaires doivent contribuer au changement des comportements. Cependant, de nombreuses questions ne peuvent pas être réglées par les établissements scolaires seuls et appellent donc une collaboration avec des intervenants extérieurs. C’est pourquoi il faut tisser des partenariats étroits avec l’ensemble des acteurs.
Ces relations peuvent également faciliter l’apprentissage des élèves. Lorsque les élèves apprennent en dehors des salles de classe, ils se sentent davantage en lien avec la société.
Nous recommandons donc de :
Les partenariats avec la communauté peuvent profiter non seulement aux élèves, mais aussi à la collectivité au sens large. L’établissement peut servir de point de convergence afin que les membres de la communauté locale se renseignent sur les problématiques environnementales.
C5.2.8. Participation des familles et liens avec la société
Enfin, nous pensons que la journée écocitoyenne doit être développée en y intégrant les dispositifs existants, notamment celui des éco-délégués. Considérant les parents comme un élément essentiel dans la réussite de cette proposition, nous recommandons de les impliquer via des ateliers éducatifs sur les comportements écoresponsables parents / enfants pour un minimum obligatoire de 2h par trimestre.
De plus, nous pensons que les relations intergénérationnelles doivent être établies pour que puissent se transmettre entre les générations des idées, des histoires, des habitudes. L’intergénérationnel permet en effet de favoriser une plus grande cohésion sociale ainsi qu’une plus forte solidarité. Cet échange permet de faire émerger une dynamique sociale partagée par toutes les tranches d’âges. Nous recommandons à travers des liens de partenariat avec les associations, les Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) et les différents acteurs sociaux des territoires, de mettre en place des échanges intergénérationnels autour de l’éducation à l’environnement et au développement durable pour un minimum obligatoire de 2 fois par année scolaire.
L’éducation à l’environnement touche majoritairement les jeunes à l’école ou dans les centres de loisirs. Pourtant, les adultes ont davantage les moyens de changer leurs pratiques et de participer ou d’initier des projets favorisant la réduction de notre impact environnemental. De plus, la réduction de notre impact environnemental rime souvent avec économies financières et création de lien social, ce qui peut être un levier pour certains publics adultes.
C5.3.1. Encourager la participation citoyenne
Parce que la sensibilisation peut passer par le « faire ensemble » plutôt que par de l’information descendante, nous recommandons de favoriser les démarches de participation citoyenne autour du développement durable, sous toutes ses formes :
C5.3.2. Sensibiliser par l’exemple et l’action
Nous recommandons de diffuser des spots de sensibilisation mettant en action des acteurs du quotidien. Les exemples de la réalité du terrain pourront ainsi créer un sentiment d’identification à l’idée développée, à l’action présentée.
C5.3.3. Partager les mesures de la Convention citoyenne pour le climat
Le livrable produit par la Convention citoyenne pour le climat, qui sera complet et détaillé, doit faire l’objet d’un rendu accessible à tous.
Nous recommandons, au nom des membres de la Convention citoyenne pour le climat, l’enregistrement de spots vidéo pour les diffuser sur l’ensemble des chaînes du service public et des chaînes privées (lorsque cela est possible). Cette vidéo tournée en “Face caméra” par les membres présentera les mesures de manière synthétique et claire.
C5.3.4. Valoriser les actions de bénévolat pour la protection de l’environnement
Nous recommandons que le Passeport bénévole (livret personnel de reconnaissance de l’expérience bénévole et de valorisation des compétences mobilisées et/ou acquises, mis en place par France Bénévolat)[1] soit davantage promu et reconnu. Cela inciterait davantage encore les citoyens à donner du temps pour le développement durable et à être valorisés socialement pour cela.
C5.3.5. Former tout au long de la vie, notamment dans l’enseignement supérieur
La transition écologique induit des changements de compétence importants dans de nombreux secteurs. De ce fait, le périmètre des métiers concernés par les problématiques du développement durable est plus large que celui des seules « professions vertes » : il englobe les professions affectées dans leurs évolutions et leurs pratiques par la montée en particulier des exigences environnementales. Ces problématiques font désormais pleinement partie des cahiers des charges de la rénovation et de la création des diplômes.
Nous recommandons :
[1] https://www.francebenevolat.org/documentation/le-passeport-benevole
Cela nécessite donc, pour que l’objectif soit atteint, que des actions d’accompagnement ou de compensations soient mises en œuvre, notamment :