Introduction
Notre ambition est de rendre possible l’alternative à la voiture individuelle en solo chaque fois que cela est possible, ce qui implique des aménagements, des investissements et des évolutions réglementaires.
S’il n’existe pas d’aménagement pour les autres moyens de transport, nous ne parviendrons pas à changer les habitudes. Nous avons encore des marges très importantes de progrès dans ce domaine.
Pour ce faire, nous proposons de :
Créer des parkings relais.
Interdire les centres villes pour les véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre.
Augmenter les montants du Fonds Vélo de 50 à 200 millions d’€ par an pour financer des pistes cyclables.
Généraliser les aménagements de voies réservées aux véhicules partagés et aux transports collectifs sur les autoroutes et voies rapides.
Introduction
L'objectif en détail
Nous voulons que d’ici 2030, l’espace public soit adapté à d’autres usages que la voiture individuelle.
Les aménagements ont un impact important sur nos comportements et faciliter les mobilités moins émettrices de CO2 est un enjeu majeur.
Pour cela, nous proposons d’agir à différents niveaux :
D’abord, nous proposons deux actions complémentaires pour « désinciter » l’accès aux centres-villes pour les véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre :
Il est possible de réduire la place des véhicules en centres-villes, comme l’ont montré de nombreuses collectivités (Strasbourg, Madrid, Oslo…). Pourtant, les véhicules restent très présents dans la majorité des centres-villes, ce qui contribue aux émissions de CO2 et aux émissions de polluants locaux très nocifs pour la santé humaine. La justice européenne a d’ailleurs jugé que la France a dépassé "de manière systématique et persistante" depuis 2010 le seuil limite dans l'air de dioxyde d'azote, alors que ce gaz est responsable chaque année de 7 500 décès prématurés en France.
Ensuite, il s’agit de rendre possible le développement d’alternatives à la voiture, en investissant dans les infrastructures de mobilité douce. Nous proposons d’augmenter les montants du Fonds Vélo de 50 à 200 millions d’euros par an pour financer des pistes cyclables.
Enfin, nous souhaitons encourager le covoiturage et les transports en commun en généralisant les aménagements de voies réservées aux véhicules partagés et aux transports collectifs sur les autoroutes et voies rapides notamment les « pénétrantes » du périurbain vers les centres pour réduire les temps de déplacements et permettre des trajets directs.
Cette proposition vise à créer des parkings relais pour permettre aux personnes de déposer leur véhicule à la lisière du centre-ville :
Cette proposition ne peut pour le moment s’appliquer aux départements d’outre-mer. Les réseaux de transports en commun et le manque de foncier ne permettent pas la construction de parking relais. Une réflexion pour une mise en place sur le long terme est possible, il faudra cependant réfléchir à des modalités de mise en œuvre et de financement.
L’objectif de cette proposition est de limiter les véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre dans les centres-villes. Elle permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en améliorant la santé des habitants car tous les véhicules émettent des polluants locaux (particules fines liées à la combustion et aux pneus, oxyde d’azote, etc.). Elle se justifie également par le fait que les centres-villes peuvent développer les transports en commun et les mobilités alternatives (vélo, trottinette, marche, etc.) pour limiter l’usage de la voiture.
Cette proposition est pensée par le groupe en deux temps : à court terme, agir sur les véhicules émetteurs de polluants locaux, en s’appuyant sur la réglementation existante ; à plus long terme, interdire les centres-villes aux véhicules fortement émetteurs de CO2.
En parallèle, des moyens seront mis à la disposition des collectivités pour encourager la création de parkings relais et d’innovations permettant d’améliorer l’offre de transports alternatifs à la voiture et de réduire les émissions liées aux transports. Ce mécanisme pourra notamment passer par un financement accru des appels à projets innovants, afin de financer les projets des collectivités territoriales, et, de développer massivement des transports en commun pour qu’ils soient attractifs et plus nombreux aussi bien à la campagne qu’en ville. La prise en charge financière pourrait être faite par l’État. La collectivité territoriale pourrait financer selon son choix la gratuité ou non pour les usagers.
Des exemptions pourront être prévues de manière transitoire pour les professionnels (artisans) et des cas spécifiques (personnes en situation de handicap, ambulances, etc.).
La très récente décision de la cour d’appel d’Angleterre, qui a jugé illégal le projet de construction d’une 3ème piste de l’aéroport londonien d’Heathrow, faute de prise en compte des engagements climatiques du Royaume-Uni, peut ouvrir une piste complémentaire.
NB : À Madrid, seuls les véhicules à faible émission sont autorisés dans le centre-ville depuis 2018. La zone concernée couvre 472 hectares[1]. Il doit être précisé que la mesure a été critiquée lors de sa mise en œuvre ; mais quelques années plus tard, lorsqu’une nouvelle équipe municipale a proposé de revenir en arrière, des protestations des habitants de Madrid ont été organisées afin de maintenir l’interdiction des voitures[2].
À Oslo, quasiment aucune voiture ne circule dans le centre-ville, 700 places de parking ont été remplacées par des pistes cyclables. Des exceptions concernent les véhicules d’urgence, les véhicules de livraison à des horaires définis, et les véhicules des personnes à mobilité réduite. Le changement a été effectué sur environ 3 ans.[3]
[1] sources : https://www.theguardian.com/cities/2018/nov/30/its-the-only-way-forward-madrid-bans-polluting-vehicles-from-city-centre ; https://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/essence/environnement-madrid-bannit-les-voitures-polluantes_3079545.html
[2] Source : https://www.bbc.com/news/world-europe-48886405
[3]https://www.oslo.kommune.no/getfile.php/13319592-1553857948/Content/Politics%20and%20administration/City%20development/Car%20free%20city/The%20Car-free%20Livability%20Programme%202019.pdf
En France, la part du vélo dans les déplacements des Français a chuté de presque 8 points entre 1970 (10%) et aujourd’hui (2,7 %).
D’après l’enquête nationale transport et déplacement (2008), tous types urbains confondus, de l’espace à dominante rurale jusqu’à Paris intra-muros, les déplacements pour des activités étant à des distances inférieures à 5km, représentent 44% des déplacements en moyenne, avec un maximum de 57% et un minimum de 31% suivant le type urbain. Un vélo électrique peut aisément rouler à 20km/h, ce qui permet de réaliser un déplacement de 5km en 15min.
Le gouvernement a établi en 2018 un plan vélo, repris dans la loi LOM. Ce plan vélo a notamment mis en place la création d’un fonds où l’État verse 50 millions d’euros par an pour financer des infrastructures avec les collectivités (mais le Conseil d’orientation des infrastructures avait estimé les besoins à 88 millions d’euros par an). Le budget de 50 millions d’euros par an équivaut à 0,7 euros par habitant et par an, auxquels s’ajoutent 7,70 euros par habitant par les collectivités locales. Ce montant est à comparer aux 27 euros de dépenses qui sont allouées au vélo au Danemark et aux Pays-Bas (source : Shift Project, 2018 ; WWF France, 2018). Si on souhaitait passer à 30 euros par habitant, il faudrait augmenter le montant de ce fonds.
L’objectif est de donner l’habitude du vélo pour encourager cette mobilité douce, en augmentant les dotations de l’État pour les infrastructures de vélo de 50 à 200 millions d’euros par an (montant demandé par la FUB, Fédération des usagers de la bicyclette).
Cette aide devrait également être utilisée pour développer des pistes cyclables en zone rurale. Une possibilité serait de réserver un montant de l’enveloppe aux zones rurales (entre 25% et 33% sur des parcours sur lesquels un flux quotidien à vélo pourrait être possible).
Au-delà des infrastructures, qui sont le cœur de son objectif, ce fonds pourrait également soutenir les dispositifs d’aide à l’achat de vélo électrique.
Cette proposition vient encourager le covoiturage et les transports en commun en généralisant les aménagements de voies réservées aux véhicules partagés (à partir de 2 ou 3 voyageurs par véhicule) et aux transports collectifs sur les autoroutes et voies rapides notamment sur les « pénétrantes » du périurbain vers les centres, pour réduire les temps de déplacement et permettre des trajets directs.
Les voies dédiées aux véhicules à occupation multiple ont été expérimentées dans plusieurs pays et, en France, dans plusieurs villes comme Grenoble. En Ile-de-France, la proposition d’utiliser les bandes d’arrêt d’urgence pour le co-voiturage a été formulée par l’exécutif régional mais se heurte notamment à des difficultés de mise en place de la vidéoverbalisation sur cette voie[1].
Ces dispositifs pourraient faire l’objet d’une expérimentation plus large avec le soutien de l’État sur les 10 plus grandes aires urbaines de France, avec une évaluation des impacts.
Globalement, il conviendrait d’augmenter les dotations de l’État envers les collectivités territoriales pour développer les transports en commun.
NB : il ne s’agit pas de financer de nouvelles infrastructures mais de les utiliser autrement (à tout moment ou sur des horaires particuliers, et sur des itinéraires identifiés).
[1] http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/grand-paris-les-voies-reservees-au-covoiturage-c-est-pour-quand-10-07-2019-8114088.php
Nous sommes conscients que ces propositions auront un impact sur les acteurs suivants au sein de la société :
Cela nécessite, pour que l’objectif soit atteint, que l’État, les collectivités, les individus et le secteur privé prennent les mesures suivantes :